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POUR
NE PAS EN FINIR Ces migrants qu'on croit connaître Lorsqu'une personne migre, il se produit inévitablement un phénomène d'acculturation. Au contact de deux cultures, celle de son pays d'origine et celle de son pays d'accueil, elle peut soit se replier sur les valeurs de la première, soit assimiler totalement la deuxième (parce que ses racines sont perdues, ou rejetées par souci d'intégration), en passant par tous les stades du métissage, qui peut permettre la pérennisation des valeurs traditionnelles et l'intériorisation des valeurs de la société d'accueil. Les cultures des migrants sont donc dynamiques, en constante évolution. Par conséquent, le soignant ne peut pas se permettre de ne voir que les différences entre cultures. Ces notions seraient rapidement dépassées, et de plus conduiraient à une vision morcelée du patient. Le soignant doit également considérer les dimensions personnelles, historiques, sociales, etc. ... du patient. Il apparaît donc qu'un simple apport d'informations aux soignants concernant les cultures est insuffisant pour effectuer un soin qui aurait du sens, c'est-à-dire qui "(permettrait) à la personne qui le donne comme à celle qui le reçoit de préserver la dignité humaine " (24). Pour cela, il me paraît important, après une analyse des besoins du patient, de déterminer ce sur quoi on est en mesure d'agir véritablement. Cela présuppose un dialogue avec le patient, qui donnera à celui-ci un espace pour exprimer ses attentes, et qui permettra au soignant d'exposer ses propres priorités en tant que professionnel, ce qui est une marque de respect du soignant pour le patient. Etre capable de cette écoute et de cette parole implique plusieurs choses. D'une part le soignant devrait être conscient de ses propres sentiments d'appartenance à sa culture, et relativiser son propre système de référence (qui n'est qu'un modèle parmi d'autres). D'autre part, il devrait être convaincu de l'importance de respecter ses priorités, son rôle et son éthique de professionnel, afin d'agir en accord avec lui-même, avec ses valeurs personnelles. Cette démarche ne va pas de soi. Mais la rencontre d'une autre culture peut susciter une interrogation sur ses propres références culturelles, ses propres ancrages et héritages, sur le plan personnel et professionnel : " Quelles que soient ses racines, l'homme malade est porteur d'une histoire conjuguée à ses convictions religieuses ou philosophiques, c'est un être unique qui nous interpelle, nous interroge souvent dans nos propres convictions, nos croyances et nos certitudes. Dans la rencontre humaine qu'est tout acte de soin, l'individu nous invite à réfléchir à d'autres valeurs, et à donner sens à nos pratiques car le soin est une opportunité de questionnement. " (24) Ethique personnelle / Ethique professionnelle Au terme de ce travail, je réalise que ce questionnement sur mes propres valeurs et cette quête du sens à donner aux soins que j'effectue ont été la source et le moteur de mes recherches et de mes réflexions. La seconde conclusion personnelle que je tire de ce travail, est que j'ai pris conscience de mes limites, tant au niveau intellectuel (pour la compréhension, l'intégration de certaines conceptions qui m'étaient inconnues), qu'au niveau de ma sensibilité (à propos de certaines valeurs, coutumes et rites que je n'ai pas pu tolérer, et qui appartiennent à des cultures que je n'ai pas traitées). J'aimerais pour conclure citer un passage qui reflète précisément ma démarche : " Nous engager dans la voie éthique de nos pratiques de soins suppose une curiosité certes intellectuelle mais surtout humaine, un intérêt pour les aspects pluriculturels de l'individu, pour ce qui est de la particularité de son origine, de son identité. Respecter l'individu c'est d'abord envisager une démarche de reconnaissance, non plus à travers "l'homme maladie " mais l'homme social et spirituel. " (24) 21 mars 1999 - (c) isabelle GUYOT Réalisé par Jérôme MALANDRINO (c) 1999 |
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