Partie III - LES CONCEPTIONS DE LA MALADIE

3 - Chez les personnes originaires d'afrique noire




3.4- Les soins infirmiers

L'accueil du patient

L'hôpital donne en général à l'être humain des soins au corps, mais pas à l'esprit. Il ne connaît la personne que si celle-ci est malade ; pas avant, ni après.
   Or, nous avons vu plus haut que les animistes lient le corps et l'esprit. On comprendra donc qu'ils soient parfois désemparés face à la prise en charge dont ils sont l'objet ; d'où l'importance pour le soignant d'avoir une attitude rassurante afin de favoriser une relation de confiance, préalable indispensable à un soin de qualité.

Cependant, les Africains Noirs sont souvent de nature curieuse, et habitués à la soumission, à l'écoute de l'autre, le plus âgé, le plus sage. A l'hôpital, ils respectent l'inconnu, l'institution et la société qui ont délégué quelqu'un : le médecin, le soignant. Ce dernier devra donc se montrer digne de ce respect, à travers l'accueil réservé au patient (qu'il soit attendu, que sa chambre soit prête,...) et à sa famille.

La personne apporte en plus de sa maladie les problèmes qu'elle a entraînés et l'image qu'elle se fait de la maladie ; cela appartient à son histoire : qui elle est, d'où elle vient, qu'est-ce qui l'amène... Le soignant pourra alors être à l'écoute des difficultés particulières de cette personne, lui manifester de l'intérêt et de la compréhension.

Les pratiques religieuses

Celles-ci sont variables avec l'enseignement reçu et les initiations vécues par la personne. Le soignant devra donc s'adapter à chaque situation particulière.

La pudeur, l'habillement

Les Africains, dans leur pays d'origine, sont en général peu habillés afin de préserver le contact avec la nature. Pourtant, ils respectent en France les pratiques du pays d'accueil, et s'habillent donc en conséquence (d'autant plus que le climat est évidemment différent).

La communication, l'information

En général, les Africains Noirs parlent français.
Les différences liées à la culture sont ici plutôt liées à l'information. En effet, si le diagnostic peut être donné, il sera préférable de ne pas communiquer le pronostic : la maladie entraîne la lutte, et aboutira soit à la guérison, soit à la mort. Il faut dans les deux cas respecter la vie tant qu'elle existe et pour cela faire les soins, qui ont leur utilité jusqu'au bout, encourager le patient à adhérer, à participer à la lutte pour la guérison.


Pour conclure cette partie concernant la maladie et résumer les soins infirmiers qui s'y rapportent, je cite deux passages d'un manuel de Soins Infirmiers (5) :
   " Il est sans nul doute inhérent à la fonction infirmière de se poser en traducteur de la logique médicale auprès des soignés, mais aussi dans la mesure où c'est nécessaire en adaptateur de cette logique à la situation de soin à laquelle les infirmières sont confrontées. C'est dans ce sens que l'on peut envisager la dimension éducative de la fonction infirmière "
   " Servir d'intermédiaire entre la logique médicale ou hospitalière et les modes de vie et croyances des soignés appartenant à d'autres cultures que la nôtre, définirait assez bien le rôle infirmier dans ces situations. Un intermédiaire qui adapte, explique ou éduque, selon les cas, dans le respect d'autres cultures. "
   Parfois la prise en charge infirmière se poursuit ; cependant, l'objectif n'est alors plus la guérison, mais l'accompagnement du patient vers la fin de sa vie.


21 mars 1999 - (c) isabelle GUYOT
Réalisé par Jérôme MALANDRINO (c) 1999