Partie II - LES PARTICULARITES ALIMENTAIRES

4- Les soins infirmiers




Il est très important lors d'une hospitalisation de prendre le temps d'amener les choses, de comprendre la personne soignée, ses origines, son mode de vie, ses habitudes et ses plaisirs, en particulier sur le plan alimentaire.
   Les soignants peuvent alors évaluer les besoins, échanger avec la famille afin de déterminer ce que le patient pourra manger : une alimentation aussi proche que possible de son alimentation d'origine, et qui soit compatible avec le traitement. Sous cette condition, il est possible que la famille apporte quelquefois des aliments particuliers qui pourront réconforter le patient hospitalisé.
   A domicile, il me paraît indispensable de déterminer qui achète et prépare à manger, afin de discuter avec cette personne d'aliments, plats et repas compatibles avec l'état du patient, ses goûts et désirs, et des possibilités matérielles et financières de la famille.
   Il est également important de cerner le type de rapport qui unit le patient et la personne qui prépare à manger : une belle-fille maghrébine pourra se sentir gênée de limiter ou refuser de la nourriture à l'un de ses beaux-parents, et provoquer ainsi la critique de sa belle-famille.
    L'infirmière pourra alors discuter du problème avec les personnes concernées. Puis elle pourra, en accord avec le patient et en prenant soin de le responsabiliser, établir des menus précis, par exemple, dégageant ainsi la belle-fille de cette responsabilité.
   Il ne faut pourtant pas que le soignant se décharge de l'éducation alimentaire du patient, quand elle est nécessaire, sous prétexte que la culture du patient lui paraît être un obstacle.

Un autre élément me paraît important à souligner : lors de certaines pathologies (cardio-vasculaires, diabétiques, traumatologique ou articulaire pour les membres inférieurs,... ), le "surpoids "(selon nos normes occidentales) est à éviter.
   Or la conception de la beauté du corps n'est pas partout la même qu'en Occident, et certain(e)s migrant(e)s pourraient manifester peu d'enthousiasme pour modifier leurs habitudes alimentaires et perdre du poids.
   " Dès lors, comment peut être perçue la réprobation que les soignants affichent à l'égard de leur embonpoint, par des personnes qui de leur côté valorisent une certaine corpulence car elle incarne la notion de santé, de force, de prospérité, de réussite, de sérénité ? " (14).
   Là encore la discussion s'impose entre le patient et les soignants afin de parvenir, pourquoi pas, à un moyen terme. Ceci présuppose, pour les soignants, " "d'entrer le plus possible dans le monde de l'autre ", dans ses références, avec empathie, et qu'ils n'hésitent jamais à questionner leurs critères du "normal " " (14)

Pour conclure, voici une dernière citation :
   " Si l'on omet de se poser des questions sur le cadre et les habitudes de vie des patients, si on ne cherche pas à évaluer la faisabilité et l'acceptabilité des recommandations, non seulement celles-ci ont peu d'impact, mais encore elles peuvent avoir des effets négatifs, en particulier sur les personnes les plus fragilisées par une situation précaire. " (14)
   Notre but n'est-il pas, en tant que soignant, de remporter l'adhésion du patient, et qu'il soit satisfait des soins et de la relation établie ?
   Ce concept est également applicable en cas de maladie, comme nous allons l'étudier dans la partie suivante.


21 mars 1999 - (c) isabelle GUYOT
Réalisé par Jérôme MALANDRINO (c) 1999