Partie I - GENERALITES

2 - A propos de quelques cultures...




2.2 - L'Afrique Noire

Histoire, Géographie

Les Africains Noirs immigrés en France viennent préférentiellement d'Afrique de l'Ouest, et de nations ayant une partie de leur histoire liée avec la France (colonisation, tutelle...) : Sénégal, Mali, Zaïre, Cameroun, Côte d'Ivoire, Congo, Angola, Ghana, Cap Vert... (voir annexe 7).

De même que les Maghrébins, ils sont venus travailler en France, jusqu'à la limitation de l'immigration en 1974. Puis leurs familles les ont rejoints, dans le cadre du regroupement familial, de 1975 à 1978 (10). Le recensement de 1990 dénombre 235 000 ressortissants des pays d'Afrique en France.

Cependant, on ne peut passer sous silence le nombre important mais incertain d'immigrés clandestins qui continuent d'entrer en France, poussés par les très mauvaises conditions économiques dans lesquelles ils se trouvent au sein de leur village. En conséquence, le nombre d'Africains Noirs en France est estimé à 300 à 400 000 en 1992 selon un rapport du Secrétariat Général à l'Intégration (10)

Ces travailleurs, clandestins ou non, se résolvent souvent à immigrer parce que l'exploitation des terres ne suffit plus à l'autosuffisance alimentaire de leur village : la baisse des cours mondiaux des produits cultivés, les sécheresses, en sont les causes principales.
   Les hommes capables de travailler partent alors en Europe, et soutiennent financièrement leur famille en lui envoyant divers produits, ou de l'argent (11).

D'autres viennent poursuivre leurs études commencées en Afrique, et ont tendance à se fixer en France au terme de leurs études (10).

Certains sont réfugiés pour des raisons politiques ou simplement venus par curiosité.


L'animisme, les pratiques traditionnelles

L'animisme :

L'animisme est largement répandu en Afrique, mais les Africains sont aussi souvent musulmans ou chrétiens. J'ai pourtant choisi d'exposer cette croyance, car elle est peu connue des Occidentaux, chez lesquels elle suscite donc beaucoup de préjugés et de méfiance.
   L'animisme est une "croyance qui attribue une âme aux phénomènes naturels et qui cherche à les rendre favorable par des pratiques magiques " (6).

Les animistes conçoivent la vie comme une succession d'étapes, qui permettent à la personne d'acquérir une maturité grandissante au cours du cycle de la vie.
   Ces étapes correspondent approximativement à différents âges : la première est la naissance, puis viennent l'enfance, la jeunesse : ce sont des périodes d'apprentissage.
   L'adulte continue d'autres apprentissages, tout en accédant à certaines responsabilités. Le vieux est véritablement responsable ; il commence à transmettre son savoir aux plus jeunes. Le très grand vieux continue d'enseigner, mais à un niveau plus profond, plus spirituel, comme nous le verrons plus loin.
   Lorsqu'il meurt, l'homme accède à la qualité d'ancêtre, il devient esprit ; il appartient alors au monde invisible qui gouverne le monde des animistes. Ses faveurs sont donc recherchées, afin qu'il veille sur ses descendants. De plus, cet esprit est susceptible de revenir dans un corps, après avoir en général oublié ce qu'il a vécu.



Le passage d'une étape à la suivante est accompagné de rites au cours desquels sont transmis des savoirs de différents ordres : les savoirs communautaires, puis la médecine traditionnelle, la relation à l'environnement naturel, l'interprétation des signes divers... Ces sept passages "forment les sept Ecoles de l'Enseignement traditionnel. Ce dernier est permanent et dure toute la vie" (12).


Le totem :

Chez les Africains traditionalistes, le totem est souvent un animal, "dont ils croient être issus, ou ( ) qui (était) en étroite relation avec l'ancêtre fondateur ou lui aurait rendu service " (13).

Ce totem correspond au nom de famille, et se transmet donc par filiation. Il est un moyen d'unir, de réguler la société. Il tisse des liens particuliers entre les gens : deux personnes de même nom, c'est-à-dire de même totem, qui se rencontrent pour la première fois, se respectent même si elles ne se connaissent pas, et considèrent l'autre comme un membre de leur famille.
   Avoir pour nom un certain totem (en général un animal), implique une conduite, une manière d'être et d'agir qui est fonction de l'âge.

Dans tous les cas, le totem implique des interdits (qui seront exposés dans "les particularités alimentaires "), dont la transgression provoquera l'exclusion du groupe : d'une part la personne s'exclut elle-même par sa conduite, d'autre part le groupe ne tolère pas la trahison.


La médecine traditionnelle :

La fonction de guérisseur est associée à un métier (par exemple les forgerons), et se transmet de la même façon : par un apprentissage de parent à enfant.
   Le malade vient se faire soigner dans la famille, la tribu du guérisseur avec laquelle il habite, mange, travaille s'il le peut.
   Le guérisseur peut préparer des remèdes à base de plantes, qu'il choisira en fonction du sexe du malade. La préparation se fait ensuite sur le principe de la communication avec le monde des ancêtres, des esprits. Le guérisseur utilise des mots, des récits, des attitudes précises, et ne doit pas se laisser détourner de sa tâche. Ce procédé permet de rendre le produit efficace, puisque les faveurs des ancêtres auront été sollicitées. Il applique ensuite le remède un jour considéré comme favorable, afin de "laver " la personne de sa maladie.
   Cette dernière peut alors repartir, et peut aussi payer symboliquement le guérisseur (avec quelques fruits de cola...). Mais ce n'est pas monnayable.


La vie familiale :

Le célibat est plus ou moins condamné. Des jeunes gens en âge de se marier doivent le faire et accepter un conjoint choisit par leur famille.
   La polygamie existe en Afrique et en France, mais elle pose problème en ville où les logements sont trop exigus, et ne permettent pas aux femmes une certaine indépendance. La femme est considérée comme le pivot de la famille.
   L'éducation des enfants concerne tout le monde, y compris les personnes extérieures à la famille.


21 mars 1999 - (c) isabelle GUYOT
Réalisé par Jérôme MALANDRINO (c) 1999